mercredi 2 juillet 2025

Time Fades Away


Time Fades Away
 
Neil Young
 
1 - Time Fades Away (Neil Young) 5:36
2 - Journey Through The Past (Neil Young) 3:19
3 - Yonder Stands The Sinner (Neil Young) 3:17
4 - L.A. (Neil Young) 3:11
5 - Love In Mind (Neil Young) 1:58
6 - Don't Be Denied (Neil Young) 5:16
7 - The Bridge (Neil Young) 3:05
8 - Last Dance (Neil Young) 8:47
 

Time Fades Away
Musicien : Neil Young
Parution : 15 octobre 1973
Enregistré : 11 février 1973 – 01 avril 1973
Durée : 34:33
Genre : Country Rock
Producteur : Neil Young, Elliot Mazer
Label : Reprise Records
 
Musiciens :
Neil Young : chant, guitare (1, 3, 4, 6, 8), basse (4), piano (2, 5, 7), harmonica (1, 7)
Ben Keith : guitare pedal steel (4, 6, 8), guitare slide (1, 3), chœurs (1)
David Crosby : guitare (3), chant (3, 8)
Tim Drummond : basse (1, 3, 6, 8)
Jack Nitzsche : piano (1, 3, 4, 6, 8), chœurs (6)
Graham Nash : orgue, chant (8)
Johnny Barbata : batterie (1, 3, 4, 6, 8)
 
Mon avis :
 Avant toute chose, je crois qu'un avertissement à destination du lecteur est de mise. Time Fades Away est véritablement un disque à part dans la longue carrière du Canadien, qu'il faut absolument replacer dans son contexte pour comprendre son contenu et la polémique qu'il suscite. L'histoire commence à l'automne 1972. Fort du succès de son désormais mythique Harvest, Neil Young planifie une tournée immense, prévoyant même d'aller jusqu'en Europe. Il convie Danny Whitten à prendre part à celle-ci, mais, lors des préparatifs, les choses tournent court. Abimé par sa surconsommation de drogues en tout genre, Danny est incapable de jouer le moindre morceau dans son intégralité. Furieux devant l'incapacité de son guitariste à faire son boulot convenablement, Neil le congédie avec 200 dollars et un billet d'avion pour L.A. pour seul salaire. Le lendemain, le 18 novembre 1972, Neil est frappé de plein fouet par l'atroce nouvelle: Danny Whitten est mort d'overdose. Inconsolable, se sentant entièrement responsable de la mort de son ami, le Loner noit son chagrin dans l'alcool et pète littéralement les plombs. Dés le début, la tournée est chaotique. Fortement imprégné de Tequila, Neil exaspère son groupe et le public qui, soir après soir, manifeste sa désapprobation et son incompréhension face à l'attitude du chanteur qui ne ressemble en rien au campagnard de Harvest et qui interprète mal les morceaux de son dernier album, considéré, déjà à l'époque, comme son meilleur. De plus, les nouvelles compositions ne plaisent pas : trop bancales, trop sales. Le nouveau son adopté par le groupe (plus lourd, avec quelques réminiscences hard qui rappellent par moments le Crazy Horse) est lui aussi sujet à de fortes critiques de même que le chant éraillé du canadien. Vers la fin janvier, Kenneth Buttrey, le batteur de la formation, en a assez et claque la porte. Il sera remplacé par Johnny Barbata qui assurera le reste de la tournée avec les Stray Gators. Sont également appelés en renfort David Crosby et Graham Nash pour palier à la défaillance vocale de Neil Young. Mais les choses continuent à se gâter immanquablement, la tension entre les musiciens est palpable (Jack Nitzsche aurait même profité du fait que son micro soit éteint pour proférer des insanités sur scène). Le calvaire prend finalement fin au Salt Palace Arena de Salt Lake City, après quoi les Stray Gators arrêteront la tournée, rayant du calendrier les dates européennes. De son côté, Neil Young reprendra le chemin des clubs à partir d'août 1973, en compagnie des Santa Monica Flyers (la section rythmique du Crazy Horse augmentée de Nils Lofgren) et ce jusqu'en novembre dans le but de présenter au public son prochain album, un certain Tonight's The Night... Time Fades Away n'est pas l'enregistrement d'un seul et même concert. Tous les morceaux (sauf deux) sont issus de bandes différentes. Leur seul point commun est d'être issus de la même tournée et de ne pas posséder de version studio. Vous comprendrez donc le désappointement des fans à la sortie de l’album, eux qui rêvaient d'un sublime Heart Of Gold ou d'un The Needle And The Damage Done poignant. Pourtant, malgré (ou à cause de) leur côté cradingue, toutes les compositions présentes sur ce live sont de purs joyaux. Time Fades Away ouvre le bal avec sa basse puissante, son piano sautillant et ses guitares tranchantes. Neil s'y montre ironique, voir acerbe et chante à s'en déchirer les cordes vocales (une infection de la gorge n'allait d'ailleurs pas tarder à lui tomber dessus). Dans le même registre on pourra également citer l'excellent Younder Stands the Sinner, le mélancolique L.A., le sublime Don't Be Denied avec sa guitare écorchée et enfin l'immense Last Dance qui clôture à merveille le disque. Du côté des ballades, on est servi avec Journey Through The Past (écrite à l'origine pour figurer dans le film du même nom), Love In Mind et The Bridge, toutes trois magnifiquement interprétées au piano. Malgré cela, l'accueil fut peu chaleureux, l'album n'atteignant que la vingt-deuxième place au Billboard. A ce jour, il reste le plus méconnu du Canadien et également celui que ce dernier aime le moins. De plus, on le considère comme le premier volet de ce qu'on appelera la Ditch Trilogy, ce tryptique composé de Time Fades Away, On The Beach et Tonight's The Night et qui correspond à la période dite sombre du Canadien. Est-ce la raison pour laquelle il fallut attendre des décennies et l’année 2022 pour avoir droit à une réédition en CD ? Possible, fort possible… Toujours est-il que Time Fades Away est devenu, avec le temps, une véritable relique pour la plupart des fans, leur Saint Graal. Il est vrai qu'on ne peut pas lui reprocher grand' chose (un manque d'unité éventuellement, une trop courte durée comparativement aux concerts donnés à cette époque) et qu'il justifia, pendant longtemps, à lui seul, l'achat d'une platine vinyle. Croyez-moi, le jeu en valait largement la peine...
 

Points Positifs
 :
- Un des plus grands albums de Neil Young et, en tous cas, son meilleur album live, ce, sans discussion possible. Il faut dire que cet opus maudit, décrié par bien des fans et qui fut, pendant des décennies, totalement introuvable puisqu’il fallut attendre 2022 pour avoir droit a une version CD, est un must absolu, un truc énorme, qui transpire la crasse et la mort, ouvrant le bal, de fort belle manière, de la somptueuse Ditch Trilogy.
- Pour ce qui est des compositions présentes dans cet opus et qui, pour la petite histoire, n’existent pas en version studio, force est de constater que celles-ci sont excellentes voir flirtent même avec le sublime ? Ainsi, entre Time Fades Away, Younder Stands the Sinner, Don't Be Denied et le grandiose Last Dance qui clôture en beauté le bal, nous flirtons tout simplement avec l’excellence. Quand aux ballades, comme Journey Through The Past, elles ne sont pas en reste.
- Neil Young chante comme s’il allait s’écrouler à tout instant et sa voie est plus éraillée que jamais, sans occulter le fait qu’il est fortement alcoolisé, cependant, comment ne pas reconnaitre que le Loner flirte avec le divin, mettant alors toutes ses trippes dans ses compositions !?
- Une pochette simple mais qui n’en reste pas moins efficace.
 
Points Négatifs :
- Bien entendu, Time Fades Away est un album oh combien clivant, y compris, parmi les fans de Neil Young, et ce, depuis sa sortie. Il faut dire que cet opus, sale, sans compromis, avec un Loner en pilotage automatique, en aura perturbé plus d’un et s’avère être à mille lieux du nettement plus tranquille Harvest
- Dire qu’il aura fallut attendre environ un demi-siècle pour avoir droit à une version CD de ce chef d’œuvre absolu !
 
Ma note : 9/10

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