mercredi 2 juillet 2025

Time Fades Away


Time Fades Away
 
Neil Young
 
1 - Time Fades Away (Neil Young) 5:36
2 - Journey Through The Past (Neil Young) 3:19
3 - Yonder Stands The Sinner (Neil Young) 3:17
4 - L.A. (Neil Young) 3:11
5 - Love In Mind (Neil Young) 1:58
6 - Don't Be Denied (Neil Young) 5:16
7 - The Bridge (Neil Young) 3:05
8 - Last Dance (Neil Young) 8:47
 

Time Fades Away
Musicien : Neil Young
Parution : 15 octobre 1973
Enregistré : 11 février 1973 – 01 avril 1973
Durée : 34:33
Genre : Country Rock
Producteur : Neil Young, Elliot Mazer
Label : Reprise Records
 
Musiciens :
Neil Young : chant, guitare (1, 3, 4, 6, 8), basse (4), piano (2, 5, 7), harmonica (1, 7)
Ben Keith : guitare pedal steel (4, 6, 8), guitare slide (1, 3), chœurs (1)
David Crosby : guitare (3), chant (3, 8)
Tim Drummond : basse (1, 3, 6, 8)
Jack Nitzsche : piano (1, 3, 4, 6, 8), chœurs (6)
Graham Nash : orgue, chant (8)
Johnny Barbata : batterie (1, 3, 4, 6, 8)
 
Mon avis :
 Avant toute chose, je crois qu'un avertissement à destination du lecteur est de mise. Time Fades Away est véritablement un disque à part dans la longue carrière du Canadien, qu'il faut absolument replacer dans son contexte pour comprendre son contenu et la polémique qu'il suscite. L'histoire commence à l'automne 1972. Fort du succès de son désormais mythique Harvest, Neil Young planifie une tournée immense, prévoyant même d'aller jusqu'en Europe. Il convie Danny Whitten à prendre part à celle-ci, mais, lors des préparatifs, les choses tournent court. Abimé par sa surconsommation de drogues en tout genre, Danny est incapable de jouer le moindre morceau dans son intégralité. Furieux devant l'incapacité de son guitariste à faire son boulot convenablement, Neil le congédie avec 200 dollars et un billet d'avion pour L.A. pour seul salaire. Le lendemain, le 18 novembre 1972, Neil est frappé de plein fouet par l'atroce nouvelle: Danny Whitten est mort d'overdose. Inconsolable, se sentant entièrement responsable de la mort de son ami, le Loner noit son chagrin dans l'alcool et pète littéralement les plombs. Dés le début, la tournée est chaotique. Fortement imprégné de Tequila, Neil exaspère son groupe et le public qui, soir après soir, manifeste sa désapprobation et son incompréhension face à l'attitude du chanteur qui ne ressemble en rien au campagnard de Harvest et qui interprète mal les morceaux de son dernier album, considéré, déjà à l'époque, comme son meilleur. De plus, les nouvelles compositions ne plaisent pas : trop bancales, trop sales. Le nouveau son adopté par le groupe (plus lourd, avec quelques réminiscences hard qui rappellent par moments le Crazy Horse) est lui aussi sujet à de fortes critiques de même que le chant éraillé du canadien. Vers la fin janvier, Kenneth Buttrey, le batteur de la formation, en a assez et claque la porte. Il sera remplacé par Johnny Barbata qui assurera le reste de la tournée avec les Stray Gators. Sont également appelés en renfort David Crosby et Graham Nash pour palier à la défaillance vocale de Neil Young. Mais les choses continuent à se gâter immanquablement, la tension entre les musiciens est palpable (Jack Nitzsche aurait même profité du fait que son micro soit éteint pour proférer des insanités sur scène). Le calvaire prend finalement fin au Salt Palace Arena de Salt Lake City, après quoi les Stray Gators arrêteront la tournée, rayant du calendrier les dates européennes. De son côté, Neil Young reprendra le chemin des clubs à partir d'août 1973, en compagnie des Santa Monica Flyers (la section rythmique du Crazy Horse augmentée de Nils Lofgren) et ce jusqu'en novembre dans le but de présenter au public son prochain album, un certain Tonight's The Night... Time Fades Away n'est pas l'enregistrement d'un seul et même concert. Tous les morceaux (sauf deux) sont issus de bandes différentes. Leur seul point commun est d'être issus de la même tournée et de ne pas posséder de version studio. Vous comprendrez donc le désappointement des fans à la sortie de l’album, eux qui rêvaient d'un sublime Heart Of Gold ou d'un The Needle And The Damage Done poignant. Pourtant, malgré (ou à cause de) leur côté cradingue, toutes les compositions présentes sur ce live sont de purs joyaux. Time Fades Away ouvre le bal avec sa basse puissante, son piano sautillant et ses guitares tranchantes. Neil s'y montre ironique, voir acerbe et chante à s'en déchirer les cordes vocales (une infection de la gorge n'allait d'ailleurs pas tarder à lui tomber dessus). Dans le même registre on pourra également citer l'excellent Younder Stands the Sinner, le mélancolique L.A., le sublime Don't Be Denied avec sa guitare écorchée et enfin l'immense Last Dance qui clôture à merveille le disque. Du côté des ballades, on est servi avec Journey Through The Past (écrite à l'origine pour figurer dans le film du même nom), Love In Mind et The Bridge, toutes trois magnifiquement interprétées au piano. Malgré cela, l'accueil fut peu chaleureux, l'album n'atteignant que la vingt-deuxième place au Billboard. A ce jour, il reste le plus méconnu du Canadien et également celui que ce dernier aime le moins. De plus, on le considère comme le premier volet de ce qu'on appelera la Ditch Trilogy, ce tryptique composé de Time Fades Away, On The Beach et Tonight's The Night et qui correspond à la période dite sombre du Canadien. Est-ce la raison pour laquelle il fallut attendre des décennies et l’année 2022 pour avoir droit à une réédition en CD ? Possible, fort possible… Toujours est-il que Time Fades Away est devenu, avec le temps, une véritable relique pour la plupart des fans, leur Saint Graal. Il est vrai qu'on ne peut pas lui reprocher grand' chose (un manque d'unité éventuellement, une trop courte durée comparativement aux concerts donnés à cette époque) et qu'il justifia, pendant longtemps, à lui seul, l'achat d'une platine vinyle. Croyez-moi, le jeu en valait largement la peine...
 

Points Positifs
 :
- Un des plus grands albums de Neil Young et, en tous cas, son meilleur album live, ce, sans discussion possible. Il faut dire que cet opus maudit, décrié par bien des fans et qui fut, pendant des décennies, totalement introuvable puisqu’il fallut attendre 2022 pour avoir droit a une version CD, est un must absolu, un truc énorme, qui transpire la crasse et la mort, ouvrant le bal, de fort belle manière, de la somptueuse Ditch Trilogy.
- Pour ce qui est des compositions présentes dans cet opus et qui, pour la petite histoire, n’existent pas en version studio, force est de constater que celles-ci sont excellentes voir flirtent même avec le sublime ? Ainsi, entre Time Fades Away, Younder Stands the Sinner, Don't Be Denied et le grandiose Last Dance qui clôture en beauté le bal, nous flirtons tout simplement avec l’excellence. Quand aux ballades, comme Journey Through The Past, elles ne sont pas en reste.
- Neil Young chante comme s’il allait s’écrouler à tout instant et sa voie est plus éraillée que jamais, sans occulter le fait qu’il est fortement alcoolisé, cependant, comment ne pas reconnaitre que le Loner flirte avec le divin, mettant alors toutes ses trippes dans ses compositions !?
- Une pochette simple mais qui n’en reste pas moins efficace.
 
Points Négatifs :
- Bien entendu, Time Fades Away est un album oh combien clivant, y compris, parmi les fans de Neil Young, et ce, depuis sa sortie. Il faut dire que cet opus, sale, sans compromis, avec un Loner en pilotage automatique, en aura perturbé plus d’un et s’avère être à mille lieux du nettement plus tranquille Harvest
- Dire qu’il aura fallut attendre environ un demi-siècle pour avoir droit à une version CD de ce chef d’œuvre absolu !
 
Ma note : 9/10

La Saga de Vam


La Saga de Vam
 
Ormagh le plus puissant des Naarts s'ennuie fermement depuis des siècles et ne cesse de tancer les autres dieux. Pil le Bouffon, dieu difforme et bossu, lui propose alors divers jeux mais ceux-ci se révèlent être les mêmes depuis des années, cependant, une idée lui vient à l'esprit : « Connaissez-vous le jeu du chat et de la souris ? » Dans le rôle du chat, Ormagh, bien entendu, dans celui de la souris, un humain, mortel, un certain Vam. Ormagh, le roi des dieux, se prend alors au jeu et le pauvre Vam, entrainé par des forces qui le dépassent, finit par être amener sur une île bien intrigante où se trouve la légendaire Forteresse Bleue…
 

La Saga de Vam
Scénario : Vladimir Colin
Dessins : Igor Kordey
Couleurs : Igor Kordey
Couverture : Igor Kordey
Editeur : Les Humanoïdes Associés
Genre : Fantasy
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 10 janvier 1988
Nombre de pages : 140
 
Mon avis :
 Ce n’est pas vraiment une surprise pour celles et ceux qui suivraient ce blog depuis ses débuts, mais bon, je pense qu’il n’est pas inutile de rappeler que cela fait fort longtemps que j’éprouve un certain attrait pour le style oh combien original du sieur Igor Kordey. Ayant fait sa connaissance par le biais de certains épisodes du célèbre New X-Men de Grant Morrison, ce fut surtout, quelques années plus tard, que j’ai put redécouvrir l’artiste croate grâce à cette interminable saga qu’est L’Histoire Secrète. Je ne vais pas vous mentir, au début, je n’étais pas vraiment fan du style plutôt brouillon, à mes yeux, de Kordey, cependant, au fil des années, de l’évolution de ce dernier, du parallèle de celui-ci avec le grand Richard Corben sans oublier, bien entendu, pas mal d’autres sagas où officiaient l'artiste et que j’ai découvert par la suite, je suis devenu, je le reconnais, un grand amateur d’Igor Kordey, ce, au point même que, désormais, je suis en quête du moindre de ses travaux… Et c’est donc ainsi que je suis tombé sur La Saga de Vam, trilogie – ici présentée en intégrale – plutôt ancienne puisque datant de 1988 et qui nous présente un Kordey alors bien plus jeune mais dont le style est déjà fortement marquer, ce, pour le plaisir des fans du croate. Tirer d’un roman de science-fiction roumain – eh oui – écrit par un certain Vladimir Colin, La Saga de Vam est, indéniablement, une œuvre bien singulière : traitant de dieux qui vont parmi les hommes, comme dans nos bons vieux mythes, du destin d’un mortel puis de sa lignée qui se dresse contre eux, cette saga est avant toute chose destinée aux vieux amateurs de mythologies qui trouveront ici bien des références qui leur sont familières, ces divers dieux étant, finalement, inspirés par diverses divinités de multiples panthéons. Par ennui, par jeu, les dieux s’en prennent à un simple humain, Vam, s’en savoir que cela finira par entrainer leur chute et, ma foi, l’intrigue, malgré quelques faiblesses et pas mal de raccourcis, n’en reste pas moins plutôt captivante, pour peu, bien entendu, que l’on apprécie le genre… Car oui, La Saga de Vam n’est pas destiné à un large public, il faut le reconnaitre : accusant fortement son âge, celle-ci risque de laisser de marbre les fans de BD plus jeunes qui seront forcément rebutés par cette BD bien bavarde, de plus, même parmi les vieux de la vieille qui ont connu les heures de gloire des productions des Humanoïdes Associés, c’est-à-dire, les années 80, il est évidant que cette trilogie, spéciale dans sa conception et vraiment typé pour un certain public, ne fera pas consensus. Bref, La Saga de Vam n’est pas une BD qui plaira à tout le monde et son coté vieillot ne l’aidera pas, cependant, si vous êtes fan du genre, nul doute que vous pourrez y trouver un certain plaisir… Et puis, bien entendu, il y a la partie graphique, d’Igor Kordey, reconnaissable entre mille et tout bonnement excellente – en tout cas, nettement plus aboutie que dans New X-Men ou les premiers volumes de L’Histoire Secrète – et, franchement, rien que pour celle-ci, je pense ne pas me tromper en affirmant que le jeu en vaut nettement la chandelle !
 

Points Positifs
 :
- Une œuvre plutôt atypique, qui accuse bien entendu son âge mais qui n’en reste pas moins une bonne réussite avec sa cosmologie divine qui ravira les amateurs de mythes, cet humain, Van, et sa lignée, qui se dressera contre ces fameux dieux insouciants et cruels, sans oublié ce coté grandiloquent et épique, presque Homérique dans son traitement, et qui nous donne l’impression d’avoir affaire à un véritable mythe de l’histoire humaine…
- Pour ce qui est de la partie graphique, c’est un pur régal et il faut reconnaitre que le sieur Igor Kordey, alors bien jeune, possédait déjà une maitrise du crayon plutôt impressionnante et que son style était déjà bien marqué. Bref, si vous êtes fans du dessinateur croate, La Saga de Van est tout simplement indispensable !
- Amateurs de mythes, de divinités, de légendes, La Saga de Van est, indéniablement, faite pour vous !
- Les plus anciens, celles et ceux de ma génération, retrouveront avec plaisir une BD qui leur rappellera les grandes sagas parus chez Les Humanoïdes Associés dans les années 80, un genre, finalement, tombé en désuétude depuis longtemps, ce qui est dommage…
 
Points Négatifs :
- On ne peut pas passer sous silence le fait que cette BD accuse fortement son âge et qu’elle ne pourra, éventuellement, que plaire à des lecteurs plus agés qui ne seront pas déstabilisé par ce style un peu vieillot et cette narration franchement bavarde. Bref, les plus jeunes, plus habitués a des séries interminables et aux scénarios basiques passeront tranquillement leur chemin.
- Comme il est de coutume de le dire avec Igor Kordey, celui-ci possède un style particulier qui fait que, soit on adore, soit on déteste, du coup, ce n’est pas ici que ses détracteurs changeront d’avis a son sujet…
- Quelques incohérences et pas mal de raccourcis viennent, malheureusement, gâcher le plaisir de la lecture par moments.
 
Ma note : 7,5/10

mardi 1 juillet 2025

L’Attaque des Titans – Tome 4


L’Attaque des Titans – Tome 4
 
Il y a plus d’un siècle, les Hommes vivaient en paix. Mais, un jour l’Humanité a été presque entièrement décimée par des êtres gigantesques, les Titans. Personne ne sait d’où ils viennent ! Une chose est sûre, ils semblent animés par un unique but : dévorer les humains, un par un ! Depuis, les derniers rescapés ont bâti une place forte, une cité cernée de hautes murailles au sein de laquelle vivent leurs descendants. Ignorants tout du monde extérieur, ils se pensent au moins à l’abri des Titans ! Mais leurs vies basculent le jour où surgit un Titan Colossal… Après avoir réussi à refouler l’invasion du district de Trost grâce à la transformation d’Eren, le major Erwin Smith arrive à convaincre sa hiérarchie d’aller explorer la maison des Jäger à Shiganshina, afin d’élucider le mystère des Titans. Mais, lors de la première incursion à l’extérieur du Mur, les troupes du Bataillon d’exploration se font surprendre par un Titan de type féminin, particulièrement dangereux… Au prix de lourds sacrifices, les hommes d’Erwin parviennent tout de même à neutraliser le spécimen. Qui vont-ils extraire de la nuque du Titan ?
 

L’Attaque des Titans – Tome 4
Scénariste : Hajime Isayama
Dessinateur : Hajime Isayama
Genre : Shōnen
Type d'ouvrage : Fantastique, Action
Titre en vo : Shingeki no Kyojin vol.4
Parution en vo : 09 avril 2013
Parution en vf : 09 novembre 2016
Langue d'origine : Japonais
Éditeur : Pika Édition
Nombre de pages : 576
 
Mon avis :
 Après un troisième volet de l’intégrale de L’Attaque des Titans qui s’était avéré être excellent et, sans aucune discussion possible, le meilleur tome depuis les débuts de la saga, ce fut avec un plaisir non dissimulé que je me suis plongé dans la lecture de ce nouvel album qui, une fois de plus, confirme tout le bien que l’on peut penser de l’œuvre du sieur Hajime Isayama. Il faut dire que, ici, il va s’en passer des choses et que le lecteur, au fil des pages, ira de surprises en surprises. Ainsi, d’entrée de jeu, on retrouve nos héros – Conny, Ymir, Reiner et compagnie – que l’on avait laissé en bien mauvaise postures, harcelés de toute part par des Titans et, après quelques nouveaux faits d’armes spectaculaires, le lecteur découvrira avec stupéfaction, ou pas – car les indices, subtils, étaient parsemés depuis le début – que trois – oui, trois – des leurs sont en fait des Titans ! Comme Eren, bien sûr, mais aussi comme Annie. Et, accessoirement, pas n’importe lesquels ce qui risque fort, comme on peut s’en douter, de poser pas mal de problèmes. Ajoutons à cela une autre révélation – encore – au sujet de l’identité de l’un des membres du bataillon et vous comprendrez à quel point les débuts de ce quatrième intégrale de L’Attaque des Titans démarre sur les chapeaux de roue et redistribue les cartes de fort belle manière ! Mais ce n’est pas tout puisque, ensuite, nous avons droit a un long affrontement entre Eren et Reiner, tous les deux sous leur forme de Titans, bien entendu – eh oui, Reiner est un Titan ! Bon, je le reconnais, ce combat, s’il est spectaculaire, est un peu redondant et ne tient pas la comparaison avec celui qui avait opposé notre héros à Annie dans le tome précédent. Pour finir, le lecteur va encore avoir droit à des coups de théâtre inattendus, des scènes inoubliables, des drames, des hauts faits d’armes et même, manga oblige, tout un tas de grands sentiments criés à la face du monde ! Mais il faut dire que même si le Caporal Livaï n’apparait guère dans ce tome, son absence ne se fait nullement sentir : Eren est aux prises de Reiner et Berthold, Ymir semble bel et bien aider ces derniers, le Bataillon d’Exploration part dans une mission de secours quasi-désespérée et un certain Titan souriant, celui-là même qui avait dévorée la mère d’Eren lors des tous débuts du manga, fait son grand retour ! Il y a du sang, des larmes, le Major Erwin Smith ne va pas en sortir indemne et un des personnages les plus anciens de la série va même connaitre une mort horrible. Ajoutons a cela une Mikasa qui, passée a deux doigts de la mort, va enfin dévoilée ses sentiments a Eren tandis que ce dernier semble posséder de nouveaux et bien mystérieux pouvoirs de contrôle de Titans et vous comprendrez, sans nul doute, a quel point ce tome est excellent. Mais les choses semblent bien mal engagées et, au vu des dernières pages, on peut craindre le pire pour certains des protagonistes, mais là, il va falloir patienter pour connaitre la suite !
 

Points Positifs
 :
- Une fois de plus, ce nouveau volet de L’Attaque des Titans confirme tout le bien que l’on pensait de ce manga. Certes, tout n’est pas parfait mais, scénaristiquement parlant, Hajime Isayama possède un don certain pour nous proposer une intrigue captivante et bourrée de retournements de situations qui font que l’on accroche rapidement à l’histoire…
- Un quatrième tome qui frôle presque avec la perfection tant le lecteur est asséné de révélations en tous genres sur l’identité secrète de certains des protagonistes et va de surprises en surprises. Ajoutons à cela de multiples scènes d’actions toutes plus jouissives les unes que les autres et quelques grands moments oh combien dramatiques et vous comprendrez pourquoi, avec ce volet, L’Attaque des Titans prend, encore, une nouvelle ampleur !
- Reiner et Berthold sont, en fait, le Titan Cuirassé et le Titan Colossal. Ça, pour une surprise, c’est une sacrée surprise même si, en fait, cela explique pas mal de choses. Mais alors, tout cela serait-il un poil plus compliqué qu’une simple histoire de lutte entre humains et Titans ?!
- Le Major Erwin en prend plein la gueule dans ce tome – il perd un bras, dévoré par un Titan – mais il à encore l’occasion de nous sortir quelques hauts faits d’armes !
- Une édition intégrale de fort belle qualité qui rend justice au manga et qui, ma foi, est tout simplement indispensable pour les fans de celui-ci.
 
Points Négatifs :
- Comme je l’ai déjà souligner dans mes critiques précédentes, le gros point faible de L’Attaque des Titans, c’est sa partie graphique qui est, incontestablement, problématique. Certes, Hajime Isayama s’est amélioré depuis les débuts du manga, mais bon, ce n’est pas encore exceptionnel, loin de là…
- L’affrontement entre Eren et Reiner dure un peu trop longtemps à mon gout et casse un peu le rythme d’un tome qui, sans cela, aurait été exceptionnel !
- On retrouve, naturellement, les défauts habituels du genre Shōnen, mais bon, ici, cela dépendra fortement de votre passion pour la chose ou pas.
 
Ma note : 8,5/10

Le Secret de Brokeback Mountain


Le Secret de Brokeback Mountain
 
Eté 1963, Wyoming. Deux jeunes cow-boys, Jack et Ennis, sont engagés pour garder ensemble un troupeau de moutons à Brokeback Mountain. Isolés au milieu d'une nature sauvage, leur complicité se transforme lentement en une attirance aussi irrésistible qu'inattendue. A la fin de la saison de transhumance, les deux hommes doivent se séparer. Ennis se marie avec sa fiancée, Alma, tandis que Jack épouse Lureen. Quand ils se revoient quatre ans plus tard, un seul regard suffit pour raviver l'amour né à Brokeback Mountain.
 

Le Secret de Brokeback Mountain
Réalisation : Ang Lee
Scénario : Larry McMurtry et Diana Ossana, d'après la nouvelle d'Annie Proulx
Musique : Gustavo Santaolalla et Marcelo Zarvos
Production : Focus Features
Genre : Drame
Titre en vo : Brokeback Mountain
Pays d'origine : États-Unis
Langue d'origine : anglais
Date de sortie : 3 septembre 2005
Durée : 134 mn
 
Casting :
Heath Ledger : Ennis del Mar
Jake Gyllenhaal : Jack Twist
Randy Quaid : Joe Aguirre
Anne Hathaway : Lureen Newsome Twist
Michelle Williams : Alma del Mar
Valerie Planche : la serveuse
Graham Beckel : L.D. Newsome
David Harbour : Randall Malone
Kate Mara : Alma Jr. à l'âge de 19 ans
Roberta Maxwell : la mère de Jack
Peter McRobbie : John Twist
Anna Faris : Lashawn Malone
Linda Cardellini : Cassie Cartwright
Scott Michael Campbell : Monroe
David Trimble : un berger basque
Brooklynn Proulx : Jenny, à 4 ans
 
Mon avis :
 D’un point de vu personnel, Le Secret de Brokeback Mountain est un film particulier a mes yeux puisque celui-ci fut l’un des premiers que j’ai eu l’occasion de voir au cinéma peu de temps après avoir rencontrer mon épouse, il y a de cela bientôt vingt ans. Ce petit apparté sentimental étant souligné, ce long métrage du réalisateur Ang Lee, qui, pour rappel, fit couler beaucoup d’encre a l’époque, est, de mon point de vu, davantage qu’une œuvre sur l’homosexualité mais surtout une magnifique histoire d’amour, ce, même si, bien entendu, la relation entre deux hommes est au cœur de l’intrigue de ce Secret de Brokeback Mountain. Alors certes, il faut convenir que l’homosexualité est la thématique principale de ce film, celle qui nous narre la relation entre deux individus a une époque où celle-ci n’était pas acceptée – grosso modo entre les années 60/80 – et ce, surtout au sein de la communauté des cow-boys, dans ces petits bleds paumés du fin fond des états les plus rétrogrades des Etats-Unis où il ne faisait pas bon, mais alors pas bon du tout d’être, pardonnez moi l’expression, une tapette comme ces olibrius imbibés de bière se plaisaient a le dire. Cependant, si l’homosexualité est au cœur de l’intrigue, à mes yeux, Le Secret de Brokeback Mountain est avant toute chose une histoire d’amour, de passion, l’histoire d’une rencontre entre deux êtres qui se sont aimés, qui ont connus bien des difficultés et qui, finalement, n’ont que trop rarement été heureux avant un final, forcément, dramatique. Et comme les plus belles histoires d’amours sont celles qui finissent mal, sur ce point, Le Secret de Brokeback Mountain est un chef d’œuvre du genre, nos deux amoureux en bavant particulièrement, surtout au vu du poids oppressant de la société d’alors où, pour rappel, il n’y a pas si longtemps encore, aimer quelqu’un du même sexe n’était pas bien vu. Bien entendu, pour que tout cela fonctionne, encore fallait-il des acteurs inspirés, et, ma foi, le duo composé du regretté Heath Ledger et de Jake Gyllenhaal est tout bonnement exceptionnel : le premier, tout en retrait et dissimulant ses sentiments, le second, plus expansif et assumant entièrement ses préférences. Ajoutons à cela les seconds rôles féminins, un peu les dindons de la farce de l’histoire, particulièrement Michelle Williams, plutôt touchante, et l’on obtient un film avec un casting impliqué et fort talentueux. En maitre d’œuvre, Ang Lee excelle parfaitement derrière la caméra alternant les plans larges somptueux aux scènes plus intimistes, d’une sensualité rare et qui ne laissent personne indifférent, quelque soit ses propres préférences sexuelles. Et, quelque part, c’est l’une des grandes forces de ce Secret de Brokeback Mountain : que l’on soit gay ou hétéro, a un moment donné, on se moque complètement que ce film nous narre l’histoire d’amour de deux hommes pour ne retenir qu’un seul mot, le plus important, l’amour, tout simplement…
 

Points Positifs
 :
- Un magnifique film d’amour, avant toute chose. Terriblement prenant, touchant, plutôt triste car tout cela est fort compliqué et finira, naturellement, mal, le spectateur est très rapidement plongé au cœur d’une belle histoire d’amour, tout simplement.
- Bien entendu, il ne faut pas occulter l’homosexualité qui est au cœur de l’intrigue de ce film, surtout que cette relation à lieu a une époque – le début des années 60 – et dans un milieu – celui des cow-boys des trous paumés du cœur de l’Amérique profonde – où il ne faisait pas bon montrer sa préférence pour quelqu’un du même sexe.
- Pression sociale, mépris dans lequel étaient tenus les homosexuels, crainte de se montrer au grand jour, refoulement des sentiments, mariages pour faire comme tout le monde histoire de ne pas paraitre différent. Toutes ces thématiques sont bien entendues présentes tout au long du film.
- Un duo d’acteurs principaux,  Heath Ledger et Jake Gyllenhaal, tout simplement exceptionnel.
- Michelle Williams, en épouse trompée et complètement paumée.
- Un travail de maitre de la part d’Ang Lee qui excelle dans les plans intimistes et sensuels tout en nous offrant, par moments, de superbes paysages dans des séquences à couper le souffle.
- La bande originale, bien entendu, que l’on peut qualifiée d’excellente et qui n’est pas pour rien pour la réussite de ce film.
 
Points Négatifs :
- Malgré la durée de ce long métrage, je ne lui trouve aucune longueur, d’ailleurs, je pense même qu’il aurait mérité d’être plus long car, passer les deux premiers tiers, les événements s’enchainent beaucoup trop rapidement, et ce, au détriment du rythme, ce qui est plutôt dommage.
- La moustache de Jake Gyllenhaal.
 
Ma note : 8,5/10

lundi 30 juin 2025

La Ligue des Gentlemen Extraordinaires – La Tempête


La Ligue des Gentlemen Extraordinaires – La Tempête
 
Après les divers évènements qui ont marqué la League, Mina Murray, Orlando et Emma Night fuient en passant par la fontaine de jouvence de la cité perdue de Kor. Leur objectif est de rejoindre l'île de Lincoln ou s'est réfugié Jack, le dernier Nemo. En parallèle, Bond qui dirige dorénavant le MI5, est toujours à la recherche d'Emma, il apprend l'existence de Kor ou il se rend afin de redevenir lui aussi jeune et immortel, puis il détruit la fontaine ! Dans le Dossier Noir, il découvre le Blazing World ou se sont progressivement réfugiés toutes les créatures fantastiques, au fil des siècles ! Encore une fois, il prend la décision de détruire l'île. Pendant ce temps Satin, qui vient du futur avec comme objectif d'empêcher une catastrophe sur Terre qui aura des répercutions jusqu’à Mars, retrouve son ancien camarade des Seven Stars, Marsman, pour tenter d'empêcher le pire… Ils entreprennent de retrouver leur ami Vull…
 

La Ligue des Gentlemen Extraordinaires – La Tempête
Scénario : Alan Moore
Dessins : Kevin O'Neill
Encrage : Kevin O'Neill
Couleurs : Ben Dimagmaliw
Couverture : Kevin O'Neill
Genre : Super-héros, Fantastique, Etrange
Editeur : DC Comics
Titre en vo : The League of Extraordinary Gentlemen – The Tempest
Pays d’origine : Grande-Bretagne
Parution : 07 janvier 2020
Langue d’origine : anglais
Editeur français : Panini Comics
Date de parution : 04 mars 2020
Nombre de pages : 224
 
Liste des épisodes
The League of Extraordinary Gentlemen – The Tempest 1-6
 
Mon avis : 
Oui, j’ose, j’affirme, je le crie sur tous les toits, La Tempête, dernier volet de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, est, sans aucune discussion possible, un pur chef d’œuvre, quelque chose d’énorme, de parfait de bout en bout et qui, plus de deux décennies après les débuts d’une saga décidément pas comme les autres, aura confirmer, de fort belle manière, non seulement pourquoi celle-ci fut l’une des plus importantes de ces vingt dernières années, mais aussi, a quel point le sieur Alan Moore, toujours accompagner d’une main de maitre, aux dessins, par un Kevin O’Neill en état de grâce, est un génie, indéniablement, le plus grand auteur de comics qu’il m’a été donné de connaitre, et ce, de loin, de très loin ! Bien entendu, nombreux seront celles et ceux qui seront en total désaccord avec moi, qui affirmeront, selon eux, que Moore n’aura jamais été aussi prétentieux, aussi illisible et que La Tempête n’aura été que la confirmation que cet ancien génie n’est plus que l’ombre de lui-même, ne cessant de s’autoparodier, encore et encore, son style, ses œuvres, ne plaisant plus qu’a un public tout aussi prétentieux. Cet avis est le leur et comme tous les gouts sont dans la nature, j’en prends acte, cependant, je ne peux être d’accord et je persiste et signe : oui, mille fois oui, La Tempête est une œuvre exceptionnelle et oui, elle conclut à merveille une saga qui, depuis ses débuts, aura sut choisir son public, c’est-à-dire, un lectorat que l’on peut qualifier de plus connaisseur que la moyenne, qui sait que les comics ne sont qu’un genre parmi tant d’autres, que ceux-ci ont une histoire, bien plus longue qu’on pourrait l’imaginer et que, surtout, celle-ci, encore de nos jours, s’inscrit au sein d’une pop culture bien plus vaste qui, dans les grandes lignes, va de la musique au cinéma en passant par la littérature, le sport, le théâtre, les séries, etc. Ainsi, depuis ses débuts, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires est un formidable mélange des genres où Moore fait cohabiter tout un tas de protagonistes issus de divers médias de la culture mondiale et où, par la force des choses, les références se multiplient à l’infini, l’auteur nous en distillant tellement que, en toute franchise, rares sont ceux qui sont capables de toutes les notées – plusieurs lectures étant nécessaires, et encore. Ainsi, dans La Tempête, nous avons droit à tellement de références culturelles, tellement d’hommages, que certains crieront au génie, d’autres prendront leurs jambes à leur coup. Bref, une œuvre à ne pas mettre entre toutes les mains, qui n’est absolument pas grand public mais qui n’en reste pas moins un incontournable, surtout pour celles et ceux qui apprécient les comics d’Alan Moore et qui, ma foi, osons le dire, ne se satisfassent pas uniquement des productions bêtasses de chez Marvel. Un chef d’œuvre, donc, en guise de conclusion pour une saga quasiment parfaite de bout en bout et qui, ma foi, me manquera, mais bon, quelque part, mieux vaut finir en beauté que de tomber dans la médiocrité, lot commun de tellement de séries…
 

Points Positifs
 :
- La conclusion parfaite d’une œuvre qui, depuis ses débuts, il y a une vingtaine d’années, nous aura prouver que l’on peut encore être original dans l’univers des comics mais aussi, que l’on peut nous proposer un formidable mélange des genres, de tous les genres de la pop culture, ce, avec talent. Bref, si vous êtes fans de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires depuis ses débuts, La Tempête sera la conclusion que vous attendiez, c’est-à-dire, à la hauteur de vos espérances !
- Les références, bien sur, très nombreuses, plus nombreuses encore que d’habitude et qui jalonnent toutes les pages de cet album. Bien évidement, bien malin celui qui les découvrira toutes et il faudra moult relectures et bien des connaissances pour espérer y parvenir…
- Malgré toutes ces références et le coté élitiste de la chose, Alan Moore reste un auteur accessible dans son propos, finalement, bien davantage qu’un Grant Morrison que j’apprécie pourtant beaucoup.
- Un des plus beaux hommages qu’il m’a été donné de lire a l’univers des comics mais aussi, a ses hommes et ses femmes de l’ombre qui ont fait de lui ce qu’il est devenu.
- Le style de Kevin O’Neill est particulier, mais quant on y est habitué, force est de constater que celui-ci est plutôt plaisant, de plus, dans cet album, l’artiste alterne lui aussi les genres et il faut reconnaitre qu’il s’en sort fort bien et que c’est un pur régal que de passer a des planches conventionnelles a d’autres qui flirtent bon les pulps d’autrefois, les comics d’horreur, les passages en 3D, etc.
- Une couverture dans la lignée des précédentes de la saga mais qui n’en reste pas moins parfaite dans son style inimitable.
 
Points Négatifs :
- J’adore les œuvres bourrées de références mais le problème avec Moore, c’est qu’avec lui, à moins d’être britannique et, accessoirement, d’une intelligence et d’une culture supérieure, il est impossible de toutes les comprendre. Bref, vous l’avez compris, La Tempête est, comme le reste de la série, une œuvre élitiste qui fera fuir la plupart des lecteurs…
 
Ma note : 9/10

Les Voyages d’Endymion – L’Éveil d’Endymion


Les Voyages d’Endymion – L’Éveil d’Endymion
 
Enée a seize ans. Elle vient de passer quatre ans sur la Terre, kidnappée. Des années consacrées à l'étude avant de rebondir. Ses adversaires sont neutralisés pour le moment : le père de Soya exerce son ministère sur le monde désertique de Madre de Dios ; Némès, la chose vivante, est restée fondue sur une roche du Bosquet de Dieu. Mais la Pax lance une nouvelle croisade : la solution finale au problème des Extros ? Et tous reprennent du service pour leurs causes respectives. Mais leurs fins gardent une bonne partie de leur mystère : Enée est-elle vraiment un virus nanotech envoyé pour contaminer l'humanité ? Et le Gritche, qui le manipule ? Quant à Endymion, il part pour un long voyage cryogénique au terme duquel il trouvera Enée adulte. Alors sonnera pour lui l'heure de l'éveil.
 

Les Voyages d’Endymion – L’Éveil d’Endymion
Auteur : Dan Simmons
Type d'ouvrage : Science-Fiction
Première Parution : 10 mars 1997
Edition Poche : 01 novembre 2016
Titre en vo : The Hyperion Cantos – The Rise Of Endymion
Pays d’origine : Etats-Unis
Langue d’origine : anglais
Traduction : Guy Abadia
Editeur : Folio SF
Nombre de pages : 960
 
Mon avis :
 Nul doute que, comme je l’avais signaler lors de ma critique de Endymion, les fans de la première heure, ceux qui ont découvert les Cantos lors de leurs parutions, il y a de cela trois décennies, auront été troublés par, non seulement, la volonté de Dan Simmons d’écrire une suite à une saga que beaucoup considéraient comme étant un chef d’œuvre, mais aussi, et surtout, par la remise en cause, à la fois narrative que scénaristique, qu’apporta ces fameux Voyages d’Endymion. En effet, ce qui ressort avant toute chose de ces deux romans est la volonté affichée de l’auteur de remettre en cause nos certitudes, de bousculer nos croyances sur les dires des Cantos, mais aussi, de donner un formidable coup de pied dans la fourmilière en niant, quelque part, certains des acquis de ceux-ci. Par la force des choses, le lecteur, encore émerveiller par le final grandiose de La Chute d’Hypérion aura forcément été troublé par ce qu’il découvre par la suite, c’est-à-dire, non pas le fait que l’Eglise, devenue toute puissante, domine l’ancien Retz et que leurs dirigeants soient loin d’être des saints, mais davantage par le fait que l’on s’aperçoive que certaines révélations des Cantos soient annoncés comme mensongères, que des protagonistes refassent leur apparition comme si de rien n’était (euh, il était pas censé être mort lui ?) et même que, en une ou deux occasions, Dan Simmons, pourtant vigilant, ne se soit un peu embrouiller les pinceaux – exemple tout bête avec les dauphins d’Aliance Mui, présentés comme disparus et qui, dans Endymion, sont encore bien en vie !? Du coup, le trouble des lecteurs – et je m’inscris dedans – aura été compréhensible, comme le fait que, pour certains, le sentiment qui prédomine avant toute chose aura été, la déception. Pourtant, malgré cela, Dan Simmons savait parfaitement ce qu’il faisait en replongeant dans l’univers des Cantos et ses modifications, ses choix, aussi déroutant puissent-ils paraitre de prime abord, finissent par être justifiés et compréhensibles lorsque l’on regarde l’œuvre dans son intégralité. En effet, si dans Endymion l’auteur, en nous présentant de nouveaux protagonistes dans cet univers post-Retz, nous avait enchantés de la plus belle des manières avec cette fameuse fuite en radeau d’Enée et compagnie à travers les anciens mondes de l’Hégémonie, L’Éveil d’Endymion apporte une ultime conclusion que l’on peut qualifier de bonne. Dans un style, encore une fois différent (chapeau franchement, quatre tomes pour ce cycle, quatre genres narratifs), Dan Simmons va encore plus loin, poussant ses idées a un point presque inimaginable, parfois osé mais qui, aussi surprenant que cela puisse paraitre, fonctionne parfaitement. Ainsi, dans cet ultime volume de la saga, probablement le plus difficile d’accès pour le simple quidam, les grandes questions métaphysiques sont à l’honneur, avec, d’un côté, Enée, présentée comme étant le Messie tant attendue et dont le parallèle avec le Christ est plus qu’évidant – ne serais ce que par la fameuse communion partagée, le sang etc. – opposée à une Eglise chrétienne complètement corrompue, à la fois par son alliance avec le Centre, mais aussi par la soif de puissance de ses membres. Mais si le coté christique d’Enée ne peut être nié, ce qui ressort le plus, ce sont les éléments philosophiques et religieux de l’extrême orient, cette pensée bouddhique et zen qui se conçoit parfaitement quand on connait un tant soit peu la génération de Simmons et ses propres gouts personnels. Et a cette Église chrétienne définitivement corrompue – mais pour ce qui est de ses dirigeants, pas forcément de ses membres – par une quasi-immortalité offerte par le cruciforme et qui ne vie que dans le statu quo, Simmons nous propose, par le biais de l’enseignement d’Enée, une autre façon à la fois de vivre et d’accepter la mort : le crédo principal de tout cela étant qu’une vie courte mais vécue est préférable à l’immortalité parasitaire du cruciforme. Immobilisme d’un côté avec refus d’évolution, changement de l’autre avec choix personnel du libre arbitre – le fameux discours d’Enée : « refaites votre choix », y compris, garder le cruciforme – cet Éveil d’Endymion conclut la saga d’une façon certes étonnantes mais tout bonnement magistrale. Et si certains auront pu tiquer vis-à-vis d’une certaine exagération narrative – après tout, nous avons là des humains qui peuvent se déplacer d’un point à l’autre de l’univers par leur seule volonté – ou sur le côté décidément peu héroïque d’un Raul Endymion – vaincu par un simple calcul rénal – je ne peux m’empêcher de me dire que, au sujet de ce dernier, justement, ce qui fait toute la force du personnage, c’est justement sa grande faiblesse : non, Endymion n’est pas un héros au sens propre du terme, c’est juste un homme comme vous et moi, avec ses forces et ses faiblesses, ses craintes, ses espoirs et ses défauts, et c’est cela qui le rend tellement attachant à mes yeux, tellement humain. Humains, de par leurs grandeur d’âme – comme le Père Capitaine De Soya – ou leurs mesquineries – Lourdusamy –, les protagonistes de cet Éveil d’Endymion le sont tous, et même un personnage comme Enée, malgré sa force de volonté devant son destin connu à l’avance et ses pouvoirs n’apparait pas comme une espèce de surhomme – les seuls qui l’étant vraiment étant les aberrations crées par le Centre comme Rhadamanthe Némès. Au final, L’Éveil d’Endymion, formidable message d’espoir pour l’humanité et magnifique histoire d’amour entre Raul et Enée, entre passages philosophiques parfois un peu ardus d’accès – pour ne pas dire chiants – et moments plus intimes, entre joies et tristesses, ses personnages hauts en couleurs, son ode à la vie, au changement, au libre arbitre et son coté écologique parfaitement assumé est une conclusion tout bonnement parfaite de ce qui est l’un des plus grands cycles de science-fiction de l’histoire du genre, une œuvre un peu oubliée de nos jours, pas forcément simple d’accès, mais qui s’inscrit au panthéon des chefs d’œuvre du genre, je veux bien évidement parler des Cantos d’Hypérion
 

Points Positifs
 :
- Une conclusion à la hauteur de ce que Dan Simmons avait réalisé jusque là. Certes, au petit jeu des comparaisons, Les Cantos d’Hypérion sont supérieurs aux Voyages d’Endymion, cependant, cette suite, dans son ensemble, reste de très bonne qualité et ne dénote nullement dans l’ensemble de l’œuvre.
- Le plaisir de découvrir le sort de protagonistes hauts en couleurs comme Raul Endymion, Énée ou le Père Capitaine De Soya, mais aussi, de retrouver tout un tas de protagonistes, y compris certains du premier cycle.
- Si le coté métaphysique du discours d’Énée est parfois pesant, force est de constater que ce dernier n’en reste pas moins fort intéressant avec son coté antireligieux, son ode de vie au changement, aux choix personnels, a l’écologie, a la propagation de la vie sous toutes ses formes, etc.
- Certains passages de ce roman sont franchement bons, surtout pour ce qui est du sort d’Énée qui sait depuis toujours quel sera son destin mais qui n’en poursuit pas moins son but, jouissant au mieux de sa vie.
- Les grandes faiblesses de Raul Endymion font décidément de lui un héros fort attachant.
 
Points Négatifs :
- Tout le coté métaphysique d’Énée est certes intéressant mais beaucoup trop pesant par moments ; il faut dire que Simmons semble avoir de fortes attaches pour les philosophies extrêmes orientales et ne s’en cache pas… le problème, c’est que tout cela finit par saouler le lecteur au bout d’un moment.
- Pas mal d’incohérences vis-à-vis des Cantos : certaines sont souhaitées par l’auteur, certes, d’autres apparaissent comme de véritables coquilles franchement discutables : les dauphins d’Aliance Mui n’en sont qu’un exemple parmi tant d’autres.
- D’indéniables longueurs nuisent au plaisir de la lecture.
- Il faut tout de même accrocher à cette idée d’humains voyageant, comme si de rien n’était, d’un bout à l’autre de la Galaxie.
 
Ma note : 7,5/10