Princesse Mononoké
Princesse
Mononoké
Pendant
l’ère Muromachi, au Japon, Ashitaka, le prince de la tribu des Emishis, est
frappé d'une malédiction après avoir tué un dieu sanglier devenu démon. La
chamane du village le dit condamné à devenir lui-même un démon. Il part dans le
but de « porter sur le monde un regard sans haine », espérant y
trouver la source de sa malédiction et un moyen de s'en débarrasser. Il se
retrouve mêlé à une guerre entre les esprits de la forêt, animaux gigantesques
et doués de parole (auxquels il faut ajouter San, la princesse Mononoké élevée
par la louve Moro), et deux partis humains aux intérêts contradictoires : Dame
Eboshi, dirigeante du village des forges qui souhaite détruire la forêt afin de
permettre la prospérité à son peuple, et les samouraïs du seigneur Hasano,
cherchant à dominer le village des forges car jalousant son fer.
Princesse Mononoké
Réalisation : Hayao
Miyazaki
Scénario : Hayao
Miyazaki
Musique : Joe
Hisaishi
Production : Studio
Ghibli, Tokuma Shoten, Nippon Television, Dentsu Music and Entertainment,
Nibariki
Genre : Animation,
Aventure, Drame, Fantasy
Titre
en vo : Mononoke Hime
Pays
d'origine : Japon
Langue
d'origine : japonais
Date
de sortie : 12 juillet 1997
Durée : 134
mn
Casting
:
Yōji
Matsuda : Ashitaka
Yuriko
Ishida : San
Akihiro
Miwa : Moro
Yūko
Tanaka : Dame Eboshi
Tsunehiko
Kamijô : Gonza
Kaoru
Kobayashi : Jiko
Sumi
Shimamoto : Toki
Hisaya
Morishige : Okkoto
Masahiko
Nishimura : Kohroku
Mon
avis : N’y allons pas par quatre chemins et disons le
tout net : selon moi, ce film d’animation est, à mon avis, le chef d'œuvre
d'Hayao Miyazaki. Voilà, la chose est dite. Au moins, ainsi, vous savez par
avance ce que j’en pense. Sortie en 1997 juste avant le magnifique Voyage
de Chihiro, mais pas avant le fatidique, pour certains, an 2000 (vous vous
souvenez du fameux bug ?) dans nos vertes contrées, Princesse Mononoké est
une œuvre qui comporte les thèmes de prédilection de Miyazaki, c’est-à-dire,
les légendes traditionnelles du Japon, la conscience écologique, la lutte entre
l'Homme et la Nature, sans oublier, bien entendu, un certain refus du
manichéisme. On y suit donc les aventures du jeune prince Ashitaka, banni de
son village à la suite de l'infection étrange qu'il reçu en combattant un
curieux démon qui s’était emparé d’un sanglier géant doué de parole. Partant
pour un voyage dans le Japon médiéval afin de découvrir qui est à la source de
cette malédiction, le jeune homme rencontrera un moine étrange et cupide, la
grande dame Eboshi qui est à la tête d’un village de mineurs et de forgerons
mais qui possède des cotés pour le moins philanthropiques (on s’aperçoit que
les femmes du village sont toutes d’anciennes prostituées rachetées par Dame
Eboshi), ainsi que San, la fameuse Princesse Mononoké qui vit parmi les loups
et lutte pour défendre la grande Forêt. Le but d'Ashitaka est de «
regarder sans haine » comme il est dit dans l’histoire, et devant
cette lutte entre deux mondes, celui des humains et celui de la nature,
apparemment irréconciliable, il ne cherchera pas à privilégier un seul point de
vue, essayant de les concilier, tache ardue s’il en est. Princesse
Mononoké nous montre donc l'ascension de l'homme face aux puissances
ancestrales de la Nature, sans pour autant que le réalisateur cherche à nous
convaincre que l'humanité est destructrice et mauvaise. Car ici, nous ne sommes
pas le moins du monde dans un Disney, encore moins dans un
quelconque film hollywoodien type : si vous êtes un adepte inconditionnel du
manichéisme, cette œuvre de Miyazaki n’est pas pour vous. Mais si vous êtes un
écolo pur et dur, une certaine partie de son message ne vous plaira peut être
pas… Point de manichéisme ? En effet, les hommes, eux aussi issus de la Nature
sont pleins de ressources telles que le désir de progrès, l'entraide et la
quête d'un avenir meilleur pour les plus démunis. En face, nous découvrons le
monde des anciens esprits de la Nature, guidés par le magnifique Dieu-Cerf de la
Forêt, qui ne comprennent pas les hommes qui détruisent la Forêt et ne semblent
avoir aucun respect pour ces entités millénaires. Ainsi, la jeune San, qui elle
aussi est pourtant une humaine, est prête à tout pour stopper l'expansion des
hommes, un conflit qui finira par mener à une terrible guerre. Et au cours de
l’avancée de l’intrigue, le spectateur se surprend à trouver des points
positifs dans les deux camps opposés, ce qui est pour le moins étonnant et
accessoirement, rare : certes, le message écologique est fort, et l’on y adhère
fortement ; après tout, comment ne pas prendre fait et cause pour cette foret
ancestrale, magnifique, où errent des animaux que l’on pourrait qualifier de
primordiaux, des dieux et des créatures féeriques des bois ? Mais d’un autre
coté, comment ne pas éprouver de la sympathie pour ces villageois,
travailleurs, courageux et drôles, et pour cette Dame Eboshi charismatique en
diable, comme bon nombre des protagonistes de cette histoire, qui sous ses airs
de dureté propre a son statut de chef, est presque une « mère » pour
les villageois. Où l’on voit que tout n’est ni blanc, ni noir, même s’il y a
bien quelques « méchants », les fameux samouraïs d’un quelconque
seigneur de la guerre local ainsi que les envoyés de l’Empereur, et que du
coup, prendre parti pour l’un des deux camps n’est pas chose aisée. La Nature
est la Nature et il faut la préservée, cela va de soit, mais, au détriment de
la vie humaine ? Les choses sont loin d’être aussi simples et sur ce
point, Princesse Mononoké fonctionne à merveille.
Techniquement, car il est temps d’en parler, le film est une splendeur. Les
décors réalistes et magnifiques nous plongent dans un univers historiquement
exact et empreint en même temps d'un profond mysticisme. L'animation des personnages
et des créatures est époustouflantes et de nombreuses scènes d'actions sublimes
entretiennent une incroyable tension tout le long du film. La musique de
Hisaishi (ah, cette bande son, l’une des meilleurs qu’il m’ait été donné
d’entendre dans une œuvre d’animation… j’avais même acheté la BO a l’époque de
sa sortie) est parfaite et possède un grand sens épique. Les personnages, que
cela soit le jeune prince Ashitaka prêt a tout pour réconcilier deux camps que
tout oppose, San, la fille-louve, extrémiste dans ses sentiments au départ mais
qui ne peut renier sa nature humaine, coincée qu’elle est entre deux mondes
mais qui n’en choisira pas moins toujours celui de sa « mère » ou
Dame Eboshi dont je vous ais parler un précédemment, sont tous charismatiques
au possible, y compris les second couteaux, villageois, le moine, mais aussi,
car il ne faut pas les oublier, loin de là, les fameux « animaux
primordiaux », Moro la divinité louve, le vieux sanglier aveugle Ottoko
mais aussi le Dieu-Cerf qui reste peut être coït pendant tout le film mais qui
n’en dégage pas moins, malgré son apparence, un charisme peu commun. Quant au
scénario, celui-ci est un modèle du genre : profondément intelligent et
philosophique, présentant dans toute sa complexité les rapports de l'esprit
humain aux forces du monde. On est donc immédiatement frappé par le génie
visuel de l'œuvre ainsi que par sa portée intellectuelle qui mène à une
réflexion nécessaire et gigantesque. Princesse Mononoké est
donc le genre d'œuvre que l’on n’oublie jamais car elle laisse une trace
profonde dans l'esprit de celui qui la voit, donnant le sentiment d'avoir
assisté à un spectacle fascinant de beauté, de rage et de noblesse des
sentiments. La réflexion qui s'en suit a une portée infinie, tant elle est au
cœur de tous ceux qui se sont un jour posé la question de leur place dans le
monde et de la responsabilité humaine par rapport à la planète. Princesse
Mononoké est donc un des plus grands témoignages culturels modernes du
Japon, un film fondamental et merveilleux, l'œuvre d'un authentique génie,
Hayao Miyazaki, que je recommande donc fortement a tous ceux qui aiment le
merveilleux, la rêverie, l’onirisme propre a ces paysages proposés et tout
bonnement exceptionnels, mais aussi, tous ceux qui ne voient pas que de façon
manichéenne, ceux qui n’ont pas peur de réfléchir et qui aiment qu’une œuvre,
quel quelle soit, soit un peu plus qu’un simple divertissement. Bien évidement,
pour ceux là, Princesse Mononoké est fait pour vous. J’avais
découvert cette œuvre il y a plus de vingt ans, lors de sa sortie en France et
j’en étais presque tombé amoureux. M’étant procuré le DVD a l’époque, cela
faisait un certain temps que je n’avais pas eu l’occasion de le revoir mais là,
sincèrement (et en VO pour la première fois, c’est toujours mieux), je viens de
passer un excellent moment… c’était presque comme si je le découvrais pour la
première fois. En toute franchise, et sans exagérer, Princesse Mononoké est
un vrai chef d’œuvre.
Points
Positifs :
-
Une magnifique fable écologique mais qui ne tombe jamais dans le fascisme vert
puisque les deux points de vus, celui de la nature et celui des humains, sont
abordés de la même manière avec leur qualités et leurs défauts. Bien sur, il y
a une préférence pour le premier mais sans que l’on tombe dans l’excès.
-
L’histoire en elle-même est superbe avec ce héros déchiré entre deux mondes et
qui ne souhaite qu’une chose, les réconcilier, cette fille louve indomptable et
cette femme qui se moque complètement des anciens dieux et de la nature mais
qui s’avère être une vrai mère pour les siens. Bref, ici, nous sommes à des
années lumières du manichéisme traditionnel.
-
Des personnages charismatiques : que ce soit les trois que je viens de
citer ou le simple villageois, que ce soit l’esprit de la forêt ou le chef des
sangliers, tous possèdent un petit quelque chose qui les rend attachants.
-
Graphiquement, c’est une pure merveille et entre ses décors enchanteurs, ses
personnages attachants, ses animaux primordiaux et ses esprits de la forêt, nos
yeux ne peuvent qu’être émerveillés.
-
Une bande originale à la hauteur de l’œuvre, c’est-à-dire, sublime.
-
La poésie indéniable qui se dégage de l’ensemble, certains passages étant tout
bonnement enchanteurs.
-
Sans nul doute le chef d’œuvre de Miyazaki, qui n’a pas prit une ride, deux
décennies plus tard et qui se revoit, encore et encore, sans le moindre
problème.
Points
Négatifs :
-
Si vous êtes totalement allergique au cinéma d’animation ou bien un fasciste
vert (bah oui, les humains aussi ont leur place dans cette œuvre), alors,
passez votre chemin.
Ma
note : 10/10
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